DE MULTIPLES IMPACTS POSITIFS RECONNUS À L'AGRICULTURE URBAINE

par Raphaël Richard, le Mardi 17 Mai 2022

De multiples impacts positifs reconnus à l'agriculture urbaine

De multiples impacts positifs reconnus à l'agriculture urbaine

Véronique Saint-Ges, économiste à l'Inra, s'intéresse à l’agriculture urbaine comme « nouvelle forme d’aménagement et de développement urbain » et liste les nombreux effets positifs de ce type d'activité sur les territoires.

Dans un article publié début 2021, Véronique Saint-Ges distingue tout d'abord deux types d'agriculture urbaine, celle non marchande – représentée par l'ensemble des jardins collectifs – et celle marchande portée par de nombreuses nouvelles organisations avec des méthodes tournées vers l’agroécologie. Dans le second cas, « les surfaces cultivées sont diverses et même novatrices: les toits, les sous-sols, les friches, les parkings etc. Les techniques culturales de l’agriculture urbaine se veulent innovantes qu’elles soient low-tech ou high-tech, faisant appel au plein champ ou au hors-sol (substrat, hydroponie, aquaponie) ou en indoor (serres, containers, salle blanches) », écrit-elle.

« Toutes ces formes d'agriculture urbaine reposent la question de l'aménagement du territoire, des réglementations d'urbanisme, remettent en question une certaine idée de la ville, des pratiques agricoles, de la formation – car elles promeuvent de nouveaux systèmes de production, plus agroécologique – et rendent des services écosystémiques – réduire les îlots de chaleur, rendre le paysage urbain plus agréable – », nous explique-t-elle lors d'un échange.

Reconnexion à la nature des urbains

Cette agriculture en ville conduit aussi, indique-t-elle dans son article, à l'amélioration de l’aménagement urbain, la création de lien social, l'éducation à l’alimentation et à la saisonnalité, à la proposition de loisirs, à la préservation de la santé, à une nouvelle économie en re-territorialisant des métiers de la terre, à la sécurité alimentaire et à la protection de l’environnement.

Ainsi, « en termes d’aménagement urbain, la végétalisation comestible des espaces publics (les trottoirs) apporte à la fois bien être, reconnexion à la nature des urbains et joue un rôle de sensibilisation pour les générations futures », relève par exemple l'économiste de l'Inra qui cite différents exemples des impacts positifs pour chacun des bienfaits listés. Elle nous rapporte également les réactions favorables qu'elle a pu recueillir en menant des enquêtes auprès des habitants. Certaines initiatives présentées par la chercheuse cumulent différents intérêts, en développant à la fois la fourniture de fruits et légumes par des producteurs locaux et des ateliers pour son public urbain.

Les acteurs de l'agriculture urbaine participent aussi à « redonner aux villes une capacité alimentaire de proximité ». Ce mouvement conduirait à ce que « de nombreux et nouveaux maraîchers en pleine terre s’installent en périphérie des villes avec des méthodes de cultures respectueuses de l’environnement », sans volonté de faire concurrence aux agriculteurs « traditionnels ».

Enjeux majeurs du développement durable

Véronique Saint-Ges constate par ailleurs que les collectivités locales et l'Etat se saisissent du sujet et sollicitent notamment l'Inra sur la question de la production alimentaire et des circuits courts. « Nous voyons des monsieurs ou des madames agriculture urbaine apparaître dans les collectivités locales ou chez les promoteurs, mais ils demandent parfois des moutons à cinq pattes, avec des visions un peu caricaturales », tempère-t-elle.

« L’agriculture urbaine et les politiques alimentaires sont perçues comme « des leviers » pouvant participer aux enjeux majeurs du développement durable des villes et de leur résilience », remarque en conclusion l'économiste de l'Inra qui considère que pour que « cet engouement et le développement des organisations marchandes et productives du secteur soient respectivement justifiés et pérennes, il reste à créer bon nombre d’outils adaptés afin de quantifier leur durabilité et de démontrer, notamment le rôle de l’agriculture urbaine dans une gestion raisonnée de l’espace urbain et de la structuration d’un tissu social et local ».

Raphaël Richard