CORINNE ROUAULT, CRÉATRICE DE SYNERGIES
par Raphaël Richard, le Jeudi 23 Juin 2022
Corinne Rouault, créatrice de synergies
Après 20 ans d'éducation à l'environnement au Parc naturel régional du Marais Poitevin, Corinne Rouault, forte de nombreuses cordes à son arc, souhaite créer des synergies en menant des activités plus en accord avec elle-même. Elle apporte à Résilience Urbaine son expérience multiple, notamment en terme pédagogique.
Elle rêvait d'être institutrice, mais l’Éducation Nationale en a décidé autrement. Exit le « moule » du professorat des écoles, Corinne se lance alors dans un brevet d'État d'animateur, option environnement au CPIE Val de Gartempe dans la Vienne. « J'ai travaillé en alternance sur un site touristique, le Moulin à Élise, puis sur la campagne de sensibilisation au tri sélectif dans ma communauté de communes en Vendée », raconte-t-elle. Elle enchaîne sur une formation d'écointerprète, qui la mènera à faire un stage long au Parc naturel régional (PNR) du Marais Poitevin. Elle y passera finalement 20 ans, autour de missions diverses d'éducation à l'environnement et d'interprétation de sites. « J'ai créé des expos, des vidéos, animé des stages et coordonné un réseau d’acteurs pour mettre en place de la cohésion, indique-t-elle. J'avais dans l'idée de casser la barrières entre les services, de faire de la transversalité, de mutualiser les énergies. » Entourée de collègues naturaliste, architecte, paysagiste... elle s'intéresse et se forme à de nombreux thèmes autour de la transition : la construction terre et paille, l'économie sociale et solidaire, l'alimentation, les tiers-lieux, la cuisson douce (avec le soleil !) et cuisine crue, la santé naturelle (pourvoyeuse de CBD de chanvre) et la spiritualité.
Appel de la nature
Mais Corinne traverse des événements personnels qui l'appellent à renaître à elle-même et à vivre sa vie, à l'écart du cadre du PNR. « Je devais quitter ce travail pour faire ce que je voulais vraiment. » Au deuxième jour du confinement en mars 2020, elle ressent un « appel de la nature » alors qu'elle est chez elle en télétravail, « c'était corporel ». Elle organise donc son départ avec sa hiérarchie et, après avoir eu la satisfaction d’organiser une formation en interne sur la carte mentale pour appréhender en équipe ce territoire complexe, elle se met en disponibilité en février 2021. Elle suit l’appel de l’eau salée et met pied à terre aux Sables d'Olonne.
« J'ai pris tout mon temps pour me découvrir et prendre des contacts sur les thèmes qui m'intéressent », rapporte-t-elle. Elle poursuit les formations et expériences, « Biomimétisme et territoire », écolieu, habitat léger, modes d’échanges, forêt nourricière, écopsychologie. Grâce à un nouvel ami, elle rencontre Joël Guyon qui l'embarque dans l'aventure Résilience Urbaine.
« Partager des solutions pour un monde plus conscient, plus vivant et plus aimant »
Elle souhaite aujourd'hui apporter à la démarche ses compétences en formation et en création d'outils, ainsi que promouvoir le modèle auprès des élus. « Ce qui me plaît, c'est la vision holistique, mettre les gens en lien, faire se rencontrer des porteurs de projets, créer des synergies entre élus, citoyens... Ce modèle se situe dans la prospective, il permet d'imaginer notre futur. »
Son futur à elle pourrait s'appeler « EDEN », Espace de découverte de tes natures, un tiers-lieu dans lequel elle souhaite « expérimenter les modes d'échange ». Ce lieu multi-activités pourrait lui permettre de mêler les différents domaines qu'elle apprécie, pour « partager des solutions pour un monde plus conscient, plus vivant et plus aimant ». Le tout sur fond de danse et de chant, avec cette voix qui ne peut laisser indifférent.
Enrichir nos imaginaires
L'urbacultrice s'investit également dans l'association Perma Brem, à Brem-sur-Mer, qui s'est montée autour d'un potager participatif. Celle-ci porte aujourd'hui un projet de forêt nourricière et de cuisinière collective en terre crue. Animatrice en yoga du rire, elle rêve aussi d’une caRâvane des énergies, où spectacle, alimentation et Êtres seraient tous bien vivants !
Pendant ce temps-là, dans le Parc naturel du Marais Poitevin, les frênes se préparent à disparaître, signale Corinne. « On est dans une période dans laquelle il faut faire le deuil dans de nombreux champs, pour laisser des espaces vides et en construire de nouveaux. » Comme le parc, elle change de paysage, tournée vers l'avenir. « J'ai collecté plein de savoirs pour donner à voir le monde de demain, que l'on doit voir maintenant, pour que nos imaginaires s'enrichissent. »
Raphaël Richard